Le 14 octobre 1670, au château de Chambord, le rideau se lève pour la première représentation du Bourgeois gentilhomme devant le roi et la Cour. Auteur, metteur en scène, comédien, Molière est alors au faite de sa gloire, reconnu et admiré. Il a quarante huit ans, et, déjà rongé par la maladie, il ne lui reste plus que trois ans à vivre. Que de chemin parcouru depuis que le jeune Jean-Baptiste Poquelin, qui prendra le pseudonyme de Molière, a délaissé la carrière de tapissier du roi héritée de son père. À vingt ans, passionné de théâtre, il fonde une troupe, l'«Illustre-Théâtre»; n'arrivant pas à s'imposer à Paris, il part tenter sa chance en province, où il reste treize ans, jusqu'au jour où, remarqué par le roi, il rentre définitivement à Paris, avec sa troupe.
Dès lors, Louis XIV le protège, l'aide financièrement et lui commande des pièces pour se divertir. L'«Illustre Théâtre» devient la «Troupe du Roi». Molière réussit, le roi s'amuse, les courtisans applaudissent. Mais certaines pièces, aux thèmes plus graves, telles le Tartuffe ou Dom Juan se voient pour un temps interdites, car elles constituent une satire* contre les vices de l'époque.
Molière revient alors à des comédies plus légères comme l'Avare ou le Bourgeois Gentilhomme.
À l'origine de la pièce, le désir du roi est de se divertir, mais également celui de se venger de l'affront que lui a fait l'ambassadeur du grand seigneur turc, lors de sa visite en France en 1669.
Ce dernier n'a pas témoigné toute l'admiration escomptée pour le faste déployé par Louis XIV en son honneur, et le roi en a été piqué au vif. De plus, la France est à l'époque férue d'exotisme oriental, la mode est aux «turqueries». Molière, aidé du compositeur Lully, se met au travail et, de la rencontre de leurs génies, naît ce que l'on considère comme le chef-d'œuvre de la comédie- ballet, celle qui fera dire à Louis XIV : «En vérité, vous n'avez encore rien fait qui m'ait plus diverti, et votre pièce est excellente»...