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Jardins au désert: Évolution des pratiques et savoirs oasiens : Jérid tunisien
2005, IRD Éditions
in French
2709915642 9782709915649
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Jardins au désert: Évolution des pratiques et savoirs oasiens : Jérid tunisien
2005, Éditions IRD
17 cm x 24 cm
in French
- 1re
2709915642 9782709915649
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Book Details
First Sentence
"Je me penche et je coupe quelques plantes. Je me déplace encore un peu et je répète l’opération. Je donnerai celles-ci à mes animaux, là-bas. L’eau est à mes pieds, qui circule, cherche son chemin. Il fera bientôt nuit, les ombres ont disparu. Les étoiles, là-haut, vont scintiller. « Comme on dit en arabe, les aveugles ne peuvent pas vous montrer le bon chemin, et les illettrés sont des aveugles, non ? […] Le gouvernement, s’il veut savoir ce qu’il se passe, doit manger dans toutes les soupes. » — Un shérif lettré à Nefta, le 6 mars 1996. Rachid ben [fils de] Bechir ben Rouissi. À énumérer les parties de son nom, il retrace aussi les générations qui l’ont précédé et comment ce jardin à Degache (ou du moins sa part) lui est échu. Depuis six heures ce matin, il est seul au jardin, comme à son habitude. Il n’a pas vraiment quelque chose à y faire, rien de pressant en tout cas. Il pourrait à la rigueur rester à la maison comme le font les plus jeunes aujourd’hui, mais pour quoi faire ? Autrement que pour le dîner et la nuit, il n’y est pas vraiment chez lui, il risquerait de gêner sa femme et les allées et venues des voisines. Et que diraient les voisins à le voir traîner dans le quartier ? Qu’il est un paresseux ? Qu’il a perdu son jardin ? Aujourd’hui, il désherbe les tomates qui manqueront bientôt d’être étouffées sous les mauvaises herbes. Il en fait des tas sur les bords des planches. Il va ensuite couper d’autres mauvaises herbes dans les allées, dans les jachères, jusqu’à récolter la bonne quantité, pour qu’il n’ait pas ce soir à rajouter du concentré aux chèvres et à la brebis de la maison. C’est sa femme qui s’occupe des animaux. Avec le retour de la chaleur, l’herbe recommence à bien pousser et est envahissante dès que l’eau est là, dès que les nûbât (tours d’eau) sont assez rapprochées, longues et de débit suffisant. Il arrive qu’un des forages tombe en panne et que l’eau des circuits d’irrigation suffise à peine à inonder les carrés de cultures. D’après son voisin, son tour d’eau devrait commencer après-demain à onze heures dans la nuit. Après le repas, des fèves qu’il a réchauffées sur le feu (il en mange tous les jours), l’après-midi est vite passée : il y a toujours quelque chose à faire dans le jardin. Il a rassemblé en l’occurrence toutes les palmes sèches qui traînaient au pied des palmiers depuis qu’il les a nettoyés durant l’hiver. Il les a rassemblées en paquet de vingt et il enverra dire à son cousin de passer les prendre avec sa charrette pour les vendre au hammâm (bain turc). Ça ne vaut pas grand-chose, mais ça paiera des bonbons pour les enfants. Le soleil décline, l’appel à la prière se fera bientôt entendre, il est temps de rentrer. « Tiens, Mohamed et Tarek ne sont pas passés aujourd’hui. » Il coupe une grosse botte de salade pour la maison. Il devra passer par le souk (marché ou centre-ville) pour prendre du persil. Le peu qu’il a planté cette année n’a pas poussé. Peut-être de mauvaises graines. Ou plutôt il prendra du persil chez Brahim à qui il a prêté une mes-ha (une sape). Il boit son dernier verre de thé au jardin, de la théière qui est restée toute la journée sur la braise près de la cabane. Ce n’est plus une infusion, c’est une décoction. Il ne pourrait plus s’en passer. En levant son verre, son regard se pose sur les premières spathes des palmiers qui s’ouvrent bientôt. « Le temps sera venu, la semaine prochaine, de polliniser », pense-t-il en attachant la charrette à son mulet et en y posant les bottes d’herbe et la salade. L’animal connaît le chemin du retour, Rachid peut s’allumer une cigarette Cristal."
Table of Contents
Edition Notes
Includes bibliographical references (p. [379]-389).
Classifications
The Physical Object
ID Numbers
Work Description
Translated Back Cover
The presence of oases in the Sahara can seem as an ecological aberration. The palm plantations, and the gardens which they shelter, are in fact the fruit of a millennial conquest, which continues today. These artificial landscapes, “terroirs” carefully worked and maintained, are the prototype of anthropized natural systems.
This book has been written from investigations on the field carried out in Tunisian Jerid, but also in Tassili n’Ajjer (Djanet, Algeria) and in the wadi Draa (Zagora, Morocco). If this comparative perspective reveals the diversity of the oasian practices and knowledge and of the relations to the environment, it also emphasizes the local dynamics, which unfold beyond the usual dualism between tradition and modernity. In addition, several scales of study, from the vegetable bed to the garden and from the plot of land to the whole palm grove, make it possible to underline the variety of the articulations between ecological, economic, and social factors in oasis.
The cultivated Sahara does not offer one but diverse oasian natures in constant evolution, built from this anthropological richness.
Original Back Cover:
La présence d’oasis dans le Sahara peut sembler une aberration écologique. Les palmeraies et les jardins qu’elles abritent sont en fait le fruit d’une conquête millénaire qui se poursuit encore aujourd’hui. Ces paysages artificiels, terroirs soigneusement façonnés et entretenus, sont l’archétype des systèmes naturels anthropisés.
Cet ouvrage a été réalisé à partir d’enquêtes de terrain menées dans le Jérid tunisien, mais aussi dans le Tassili n’Ajjer (Djanet, Algérie) et l’oued Draa (Zagora, Maroc). Si cette perspective comparative révèle la diversité des pratiques et savoirs oasiens et des relations à l’environnement, elle met aussi en valeur les dynamiques locales qui se déploient au-delà de l’habituel dualisme entre tradition et modernité. Par ailleurs, plusieurs échelles d’étude, de la planche de culture au jardin et du parcellaire à la palmeraie, permettent de souligner la variété des articulations entre facteurs écologiques, économiques et sociaux.
Le Sahara cultivé n’offre pas une mais des natures oasiennes en constante évolution, construites à partir de cette richesse anthropologique.
Version en ligne/ Online version of the book:
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Feedback?February 26, 2012 | Edited by Vincent Battesti | Edited without comment. |
November 2, 2011 | Edited by Vincent Battesti | Correction of book's title |
November 2, 2011 | Edited by Vincent Battesti | Edited without comment. |
November 2, 2011 | Edited by Vincent Battesti | Edited without comment. |
December 11, 2009 | Created by WorkBot | add works page |