Jardins au désert

Évolution des pratiques et savoirs oasiens : Jérid tunisien

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Last edited by Vincent Battesti
February 26, 2012 | History

Jardins au désert

Évolution des pratiques et savoirs oasiens : Jérid tunisien

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Available for free to download in pdf format as Open Archives:
http://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00004609

Publish Date
Publisher
IRD Éditions
Language
French
Pages
440

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Edition Availability
Cover of: Jardins au désert
Jardins au désert: Évolution des pratiques et savoirs oasiens : Jérid tunisien
2005, Éditions IRD
17 cm x 24 cm in French - 1re
Cover of: Jardins au désert

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Book Details


First Sentence

"Je me penche et je coupe quelques plantes. Je me déplace encore un peu et je répète l’opération. Je donnerai celles-ci à mes animaux, là-bas. L’eau est à mes pieds, qui circule, cherche son chemin. Il fera bientôt nuit, les ombres ont disparu. Les étoiles, là-haut, vont scintiller. « Comme on dit en arabe, les aveugles ne peuvent pas vous montrer le bon chemin, et les illettrés sont des aveugles, non ? […] Le gouvernement, s’il veut savoir ce qu’il se passe, doit manger dans toutes les soupes. » — Un shérif lettré à Nefta, le 6 mars 1996. Rachid ben [fils de] Bechir ben Rouissi. À énumérer les parties de son nom, il retrace aussi les générations qui l’ont précédé et comment ce jardin à Degache (ou du moins sa part) lui est échu. Depuis six heures ce matin, il est seul au jardin, comme à son habitude. Il n’a pas vraiment quelque chose à y faire, rien de pressant en tout cas. Il pourrait à la rigueur rester à la maison comme le font les plus jeunes aujourd’hui, mais pour quoi faire ? Autrement que pour le dîner et la nuit, il n’y est pas vraiment chez lui, il risquerait de gêner sa femme et les allées et venues des voisines. Et que diraient les voisins à le voir traîner dans le quartier ? Qu’il est un paresseux ? Qu’il a perdu son jardin ? Aujourd’hui, il désherbe les tomates qui manqueront bientôt d’être étouffées sous les mauvaises herbes. Il en fait des tas sur les bords des planches. Il va ensuite couper d’autres mauvaises herbes dans les allées, dans les jachères, jusqu’à récolter la bonne quantité, pour qu’il n’ait pas ce soir à rajouter du concentré aux chèvres et à la brebis de la maison. C’est sa femme qui s’occupe des animaux. Avec le retour de la chaleur, l’herbe recommence à bien pousser et est envahissante dès que l’eau est là, dès que les nûbât (tours d’eau) sont assez rapprochées, longues et de débit suffisant. Il arrive qu’un des forages tombe en panne et que l’eau des circuits d’irrigation suffise à peine à inonder les carrés de cultures. D’après son voisin, son tour d’eau devrait commencer après-demain à onze heures dans la nuit. Après le repas, des fèves qu’il a réchauffées sur le feu (il en mange tous les jours), l’après-midi est vite passée : il y a toujours quelque chose à faire dans le jardin. Il a rassemblé en l’occurrence toutes les palmes sèches qui traînaient au pied des palmiers depuis qu’il les a nettoyés durant l’hiver. Il les a rassemblées en paquet de vingt et il enverra dire à son cousin de passer les prendre avec sa charrette pour les vendre au hammâm (bain turc). Ça ne vaut pas grand-chose, mais ça paiera des bonbons pour les enfants. Le soleil décline, l’appel à la prière se fera bientôt entendre, il est temps de rentrer. « Tiens, Mohamed et Tarek ne sont pas passés aujourd’hui. » Il coupe une grosse botte de salade pour la maison. Il devra passer par le souk (marché ou centre-ville) pour prendre du persil. Le peu qu’il a planté cette année n’a pas poussé. Peut-être de mauvaises graines. Ou plutôt il prendra du persil chez Brahim à qui il a prêté une mes-ha (une sape). Il boit son dernier verre de thé au jardin, de la théière qui est restée toute la journée sur la braise près de la cabane. Ce n’est plus une infusion, c’est une décoction. Il ne pourrait plus s’en passer. En levant son verre, son regard se pose sur les premières spathes des palmiers qui s’ouvrent bientôt. « Le temps sera venu, la semaine prochaine, de polliniser », pense-t-il en attachant la charrette à son mulet et en y posant les bottes d’herbe et la salade. L’animal connaît le chemin du retour, Rachid peut s’allumer une cigarette Cristal."

Table of Contents

Introduction.
Des hommes et des oasis dans le désert
L’eau, l’oasis
Au sujet des animaux
Partie 1. La description de l’oasis, une norme
Chapitre 1. Des espaces des palmeraies
La structure du terroir
Le parcellaire
La structure des jardins
Chapitre 2. Temps et temporalités au Jérid
Le temps historique
Le temps naturel
Le temps quotidien
Les commentaires du jardin et la fondation des oasis
Chapitre 3. Hommes et plantes, l’agriculture
Les plantes des jardins : le palmier dominant
Le choix et l’usage des autres plantes
Remarques sur les animaux
La problématique unité classificatoire
Chapitre 4. Les pratiques agraires des jardins
Les outils
Les matériels et outils mécanisés
Le travail dans les jardins
Un jardin d’agriculture ou une exploitation horticole ?
Chapitre 5. Les jardiniers des oasis et l’organisation du travail
Les travailleurs de la palmeraie
Ce que l’on ne dit pas
Et les femmes ?
Les stratégies oasiennes
Partie 2. Les révolutions permanentes des jardins
Chapitre 1. Les états des jardins
Développement de l’agriculture des oasis du Jérid : les outils de diagnostic
Les références et la typologie des exploitations
Les systèmes de cultures — états et trajectoires des jardins
Chapitre 2. L’ordre des palmeraies
Le zonage ou l’échec partiel du jardin
La hiérarchie oasienne
Partie 3. Les natures de l’oasis se croisent
Chapitre 1. Les pratiques de l’espace, les espaces pratiqués
Solitude et sociabilité : le jardinier dans le ghâba
Parcours, représentations dans la palmeraie
Esthétique, travail et farniente
Chapitre 2. Les acteurs des natures oasiennes et leurs ressources
Les acteurs évidents et les autres
Les registres de relations au milieu oasien
Du moderne et du traditionnel au Jérid
L’intervention de l’État
Crises et temporalités de l’oasis
Chapitre 3. Conflits de représentations ou dynamiques locales ?
Résistance et séduction : les jeux sur l’ethos oasien
Le rendement et le jardin : une incompatibilité localisée ?
Les mondes oasiens invisibles : esprits, êtes-vous encore là ?
Discours et registres des dynamiques locales
Conclusion. La construction des natures oasiennes
L’indétermination
Ressources socioécologiques

Edition Notes

Includes bibliographical references (p. [379]-389).

Published in
Paris
Series
A travers champs
Genre
Ethnology, Social Sciences, Anthropology

Classifications

Library of Congress
S616.T78 B37 2005

The Physical Object

Pagination
440 p. :
Number of pages
440

ID Numbers

Open Library
OL19950746M
ISBN 10
2709915642
LCCN
2007426842

Work Description

Translated Back Cover

The presence of oases in the Sahara can seem as an ecological aberration. The palm plantations, and the gardens which they shelter, are in fact the fruit of a millennial conquest, which continues today. These artificial landscapes, “terroirs” carefully worked and maintained, are the prototype of anthropized natural systems.

This book has been written from investigations on the field carried out in Tunisian Jerid, but also in Tassili n’Ajjer (Djanet, Algeria) and in the wadi Draa (Zagora, Morocco). If this comparative perspective reveals the diversity of the oasian practices and knowledge and of the relations to the environment, it also emphasizes the local dynamics, which unfold beyond the usual dualism between tradition and modernity. In addition, several scales of study, from the vegetable bed to the garden and from the plot of land to the whole palm grove, make it possible to underline the variety of the articulations between ecological, economic, and social factors in oasis.

The cultivated Sahara does not offer one but diverse oasian natures in constant evolution, built from this anthropological richness.

Original Back Cover:

La présence d’oasis dans le Sahara peut sembler une aberration écologique. Les palmeraies et les jardins qu’elles abritent sont en fait le fruit d’une conquête millénaire qui se poursuit encore aujourd’hui. Ces paysages artificiels, terroirs soigneusement façonnés et entretenus, sont l’archétype des systèmes naturels anthropisés.

Cet ouvrage a été réalisé à partir d’enquêtes de terrain menées dans le Jérid tunisien, mais aussi dans le Tassili n’Ajjer (Djanet, Algérie) et l’oued Draa (Zagora, Maroc). Si cette perspective comparative révèle la diversité des pratiques et savoirs oasiens et des relations à l’environnement, elle met aussi en valeur les dynamiques locales qui se déploient au-delà de l’habituel dualisme entre tradition et modernité. Par ailleurs, plusieurs échelles d’étude, de la planche de culture au jardin et du parcellaire à la palmeraie, permettent de souligner la variété des articulations entre facteurs écologiques, économiques et sociaux.

Le Sahara cultivé n’offre pas une mais des natures oasiennes en constante évolution, construites à partir de cette richesse anthropologique.

Version en ligne/ Online version of the book:

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February 26, 2012 Edited by Vincent Battesti Edited without comment.
November 2, 2011 Edited by Vincent Battesti Correction of book's title
November 2, 2011 Edited by Vincent Battesti Edited without comment.
November 2, 2011 Edited by Vincent Battesti Edited without comment.
December 11, 2009 Created by WorkBot add works page