Betty, douze ans, découvre le cadavre de son chat, Marcelnush, au pied du belvédère surplombant la chute Kabir Kouba, qui jouxte le village de Wendake. Convaincue que l'animal ne se serait jamais aventuré seul sur les rochers glissants, la fillette fait appel à son ami, l'inspecteur Benjamin Sioui, afin de démasquer le coupable. Touché par la tristesse de Betty et l'injustice dont elle est victime, le policier accepte. L'autopsie révèle bientôt que Marcelnush n'a pas succombé à une chute depuis le belvédère, mais bien à un empoisonnement aux graines de datura, que le criminel lui a vraisemblablement fait ingurgiter en les enrobant de steak haché. La présence d'un somnifère qui n'est disponible que sur prescription dans le sang de l'animal confirme la thèse du meurtre. Mais qui pouvait bien en vouloir à Marcelnush? Le couple Bastien, qui est nouvellement arrivé dans le quartier, qui n'a aucun respect pour la nature, qui déteste les chats et qui possède un chien baptisé Lasagne dont les jappements dérangent tout le voisinage? -- Un roman noir plutôt qu'un roman policier dans le sens traditionnel du terme, dans lequel l'intrigue policière est reléguée au second plan afin de laisser toute la place aux états d'âme et préoccupations de Benjamin (le narrateur), qui philosophe sur le métier de policier, l'amour, la jeunesse et la société contemporaine, cette dernière étant marquée par la violence et le non-respect de l'homme pour la nature et son prochain. L'amitié qui unit les deux protagonistes (et qui est reconstituée au fil de nombreux flash-back) occupe également une place de choix dans le récit. On s'étonne toutefois du point de vue narratif, résolument adulte, adopté par l'auteur eu égard au public visé En effet, ce dernier s'identifiera difficilement aux personnages. Dans le même ordre d'idées, les jeunes lecteurs déploreront possiblement la décision que prend Benjamin de ne pas révéler à sa jeune amie les résultats officiels de l'enquête, qui démontre que les boulettes empoisonnées avaient été préparées par un professeur que Betty affectionnait particulièrement, mais qui visaient le chien des Bastien plutôt que son chat. Un dossier d'une vingtaine de pages définissant le roman policier, retraçant les grandes lignes de la crise d'Oka et abordant les concepts d'intertextualité, clôt ce récit qui n'en constitue pas moins une belle ode à l'amitié et à la culture des Hurons-Wendat. [SDM].