Les événements qui, en 1858, bouleversèrent la paisible bourgade pyrénéenne, puis la nation entière, ne sont pas envisagés ici depuis le seul regard de Bernadette Soubirous, mais à travers les personnalités multiples et souvent contradictoires des divers témoins, leurs doutes, leurs enthousiasmes, leurs spéculations, leurs espérances. Telle
est l'originalité de ce livre qui rouvre, en quelque sorte, le « procès » de Lourdes.
Les personnages « cités » comme le docteur Dozous, le premier médecin à établir un dossier systématique des guérisons miraculeuses, le sceptique Jean-Baptiste Estrade, le commissaire Jacomet, tenant de l'ordre établi, le rocailleux doyen Peyramale, le « progressiste » abbé Pène, le maire Lacadé, spéculateur roublard et naïf, le prudent évêque de Tarbes, Mgr Laurence, l'exigeante Marie-Thérèse Vauzous, maîtresse des Novices à Nevers bien d'autres encore, reflètent, pour ainsi dire, nos propres attitudes face au surnaturel.
En effet, aujourd'hui encore, les mêmes élans où s'entrecroisent la foi, la pitié et l'incertitude viennent se briser contre le rocher de Massabielle. Et la profonde interrogation de 1858 autour du visage lisse de « la voyante »,
c'est à nous-mêmes que nous la posons devant une certaine image humiliée de l'Homme.